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Se préparer à la lecture à voix haute

Comment se préparer à
la lecture à voix haute ?

Les conseils de Sylvie Ballul, comédienne et conseillère littéraire

Que se passe-t-il quand on lit à voix haute ?

Dès que l’on se met à le lire à voix haute, un texte prend immédiatement une autre dimension. Exactement comme lorsque l’on déchiffre une partition musicale et que l’on assiste ensuite à la répétition d’orchestre.

De quelle manière s'y préparer ?

Il faut s’entraîner :
- Lire et relire le texte à voix haute, même si on le connaît déjà.
- Repérer ses articulations, ses mouvements, en capter parfaitement le sens.
- La moindre imprécision de compréhension produira une confusion à l’écoute.

Et du point de vue du corps ?

Le corps doit rester tonique quelle que soit sa position.
Debout, devant un pupitre, s’avère idéal.
Si on est assis, favoriser la circulation de l’air dans le corps par une posture adaptée, garder la tête haute et adresser sa lecture aux auditeurs.
Et encore : bailler et s’étirer avant de prendre la parole, même en pensée, si le lieu n’offre pas de coulisses !

Comment optimiser sa voix ?

Commencer par respirer et s’attacher à sentir l’air entrer et sortir de son corps.
La puissance de la voix dépendra beaucoup de la manière dont on respire.

Parler un peu plus fort que dans la vie courante et, surtout, soutenir jusqu’au dernier mot de la phrase, au lieu de le « laisser tomber ».

Quelles qualités sont incontournables ?

La qualité essentielle est la générosité. Le désir de partager une histoire que l’on aime et y entraîner les autres.

Quelles erreurs sont à éviter ?

Ne pas faire confiance au texte et vouloir se mettre soi-même en valeur.
Il ne faut pas non plus « forcer » la voix.

Est-ce que les silences sont nécessaires ?

Bien sûr, ils vont donner de l’épaisseur à la lecture !
Respecter la ponctuation mais aussi les blancs dans une page, ou entre deux chapitres, est indispensable. C’est une respiration.

Comment fait-on ressentir les tensions d’une narration ?

En jouant avec le rythme: ralentissement, accélération, pause.

Comment maîtriser le trac ?

En luttant contre la précipitation qu’engendre la peur.
Au contraire, prendre son temps.
Embrasser le lieu et le public du regard sera une information précieuse à laquelle la voix s’adaptera.
Avoir le trac est inévitable quand on prend la parole en public.
Mais, bien maîtrisé, il devient un moteur.
Et puis sortir de soi, ça fait peur, mais ça procure un immense plaisir !

Alors, on est prêt ?

C'est parti !

Lecture de Sylvie Ballul dans une bibliothèque de Boulogne-Billancourt

Reportage réalisé par Sylvie Doddeler à la Bibliothèque Billancourt avec les enfants de la classe de CE1 et leur professeure, Mme Sylvie Barrault de l’école élémentaire d’application Les Glacières à Boulogne-Billancourt.
Sylvie Ballul a lu Le géant, la fillette et le dictionnaire, de Stéphane Poulin et Jean Leroy et Le secret du rocher noir, de Joe Todd-Stanton.

Le point de vue de Marie-Aude Murail, autrice à l'école des loisirs

« Pour moi, un auditoire de jeunes est comme un laboratoire, un lieu où j’expérimente mes textes, peut-être comme Flaubert faisait passer les siens au “gueuloir”. Je perçois les baisses d’intérêt de l’auditoire à son agitation, les niveaux de compréhension selon que l’un rit et l’autre pas. Une histoire lue à haute voix avoue ses défaillances : syllabes heurtées, phrases mal balancées, longueurs complaisantes… »

« Bien sûr, comme le rappelle Georges Jean, le lecteur à voix haute n’est pas un comédien, mais comment ne pas se glisser dans la peau de certains personnages ? »

« Les livres lus, soir après soir, fournissent à l’enfant des modèles et des références pour s’inventer ses propres jeux, surmonter les chocs et les accrocs de la vie, ou comprendre les autres par les vertus de l’identification aux personnages. Et puis, à force de fréquenter les fées, les ogres, le père Noël et les fantômes, il saura peu à peu faire la différence entre le réel et l’inventé, le pour de vrai et le pour de faux. Selon moi, il faut avoir eu la tête dans les étoiles à trois ans pour avoir les pieds sur terre à vingt. »

Le moment de l'histoire

Interview croisée Kitty Crowther Carl Norac